Patrick Couturier a connu une montée tout à fait phénoménale l’été dernier avec son entreprise Pat BBQ. Une saison qu’il n’est pas près d’oublier avec les récompenses reçues qui tapissent généreusement les murs de son bureau. Gageons que vous êtes aussi impatients que nous de connaître sa recette du succès!
Une chose est sûre, la réputation de Pat BBQ n’est plus à faire! J’aimerais d’abord que tu me racontes cette montée fulgurante de la dernière année.
Non officiellement, l’aventure a débuté en 2014 lors du premier Bière Fest à Rivière-du-Loup. À l’automne 2015, nous avons développé nos différentes sauces et épices, puis en 2016, nous avons fait l’achat d’un food truck pour promouvoir nos produits lors de différents festivals. La compétition est arrivée naturellement par la suite pour donner une renommée à la marque. Notre première expérience dans un concours amateur à Drummondville nous a permis de décrocher la deuxième place, sans trop de préparation. Nous y avons surtout gagné en confiance sur la qualité de nos produits, puisque nous n’avions cuisiné le poulet qu’une seule fois auparavant. (Merci YouTube!) Avec le succès obtenu, la prochaine étape était de tenter notre chance au niveau professionnel. Hors de toute attente, le 6 avril dernier à Staten Island New York, nous avons terminé 2e sur 36 équipes professionnelles. Cette superbe performance nous a valu différents reportages radio et articles de journaux, dont un dans le Journal de Québec. Moins d’un mois plus tard, notre épice à frotter épicée « Rub Spicy » a été sacrée « Best Rub on the Planet » à l’American Royal World Series of Barbecue, une tradition de longue date à Kansas City, le plus grand concours de barbecue au monde où 6 pays et 31 états y participaient. Moins d’une semaine plus tard, notre sauce Pat BBQ épicée remportait la première place dans la catégorie Hot Tomato. Sur les 606 sauces de 5 catégories, notre sauce s’est classée au 3e rang mondial! Par la suite, ces bonnes nouvelles ont généré deux passages à l’émission Salut Bonjour, plusieurs reportages dans les journaux et à la radio. Notre stratégie d’investir dans les compétitions s’est avérée vraiment bonne!
Comment as-tu développé ta technique pour te hisser en première place?
Avant de participer à ma première compétition professionnelle, j’ai suivi une formation à Ottawa avec la personne qui s’était classée numéro 1 au Canada et à l’International dans le barbecue en 2017. Force est d’admettre que l’élève a dépassé le maître à New York en raflant la 2e position contre la 18e pour mon « enseignant-adversaire »!
Mais c’est parti d’où, Pat BBQ?
Je ne connaissais rien au barbecue! En 2009, j’ai déménagé aux États-Unis avec toute ma famille pour 6 mois et c’est vraiment là que j’ai baigné dedans. Les tailgates ont la cote en Iowa avec le football universitaire, et j’ai vite pris goût aux rencontres amicales qui rassemblent souvent 3 générations de familles autour des barbecues et des fumoirs chaque fin de semaine. J’ai adoré l’ambiance et les gens sont d’une générosité incroyable. J’ai appris des nouvelles recettes, j’ai acheté des livres et je suis revenu avec un paquet de sauces de là-bas! Dès mon retour, je me suis acheté un fumoir et j’ai commencé à cuisiner pour mes amis, dont Steeve Drapeau, qui ne cessait de dire que je faisais les meilleures côtes levées qu’il n’avait jamais goûté. Comme il organisait la première édition du Bière Fest en 2014, il tenait absolument à ce que j’y sois avec mes côtes. C’est d’ailleurs sa faute toute cette aventure!
Mais mon idée de départ était de concevoir des fumoirs pour les vendre. Donc trois semaines avant l’événement, j’envoyais mes dessins à l’usinage… Le mercredi on soudait, le jeudi on peignait, le vendredi on commençait à fumer et l’événement a été couronné de succès. J’ai vite compris que les amateurs trippaient beaucoup plus sur mes côtes levées que sur mon fumoir! J’en ai donc vendu un exemplaire au Marché Desbiens à Cacouna pour que les gens puissent se procurer des côtes cuisinées selon la recette « Pat BBQ ». À ce moment-là, lors de mes voyages aux États-Unis, je ramenais les sauces et les épices dans mes bagages jusqu’à ce que je ne fournisse plus. Pour être viable, je n’avais plus le choix de développer mes propres sauces et épices. Et c’est à partir de là que tout a commencé!
Maintenant que tu as goûté au succès à l’International, envisages-tu d’autres compétitions?
Certainement! On souhaite développer de nouvelles sauces pour accéder à des catégories différentes de celles où nous avons déjà fait notre marque. Au niveau compétition, on va toujours avoir une « équipe barbecue » sur le terrain pour viser entre 6 et 8 compétitions l’an prochain. Notre but est évidemment de performer pour faire rayonner la marque davantage.
Comment as-tu réussi à percer ce marché-là?
Je le répète, nos produits ont vraiment un goût qui se démarque. Comme ils ne sont pas disponibles aux États-Unis, on est pratiquement les seuls à compétitionner avec nos produits. Les concurrents québécois ne le disent pas, mais la majorité les utilise en compétition. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la cuisson de la viande est loin d’être mathématique, c’est vraiment une question de feeling! Et là-dessus on est très fort.
Est-ce qu’il y a un moment où tu aurais eu envie de mettre la hache là-dedans?
Ça arrive souvent! Cet été, moi je n’ai pas eu de fun! Tout est à mettre en place. On a dû précipiter notre déménagement de mon garage à nos nouveaux locaux à l’Isle-Verte pour un shooting photos avec le Journal de Québec. On commence juste à installer les lumières! Rires. J’ai dû faire appel à un embouteilleur d’épices pour me sortir la tête de l’eau. C’est tout un tourbillon, on a réalisé notre chiffre d’affaires de 2017 en deux mois. On est passé au travers et maintenant prêt pour la prochaine vague; 2019 sera vraiment une année incroyable pour nous!
